Bulle : une parenthèse de lumière dans le parcours de soins, le témoignage d’une patiente.

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Hôpitaux Universitaires Henri Mondor

Bulle : une parenthèse de lumière dans le parcours de soins, le témoignage d’une patiente.

La Bulle, une parenthèse de lumière dans le parcours de soins, le témoignage d’une patiente.

Rescapée d’un Covid grave, Isabelle Néau a trouvé à l’hôpital Henri-Mondor bien plus qu’un accompagnement médical : un lieu, une écoute, et un souffle nouveau. Grâce à l’espace Bulle, elle a peu à peu repris confiance, renoué avec sa créativité, et ouvert la voie à de nouveaux projets, dont une candidature inattendue à The Voice. Rencontre avec une femme déterminée, portée par l’art, la résilience, et l’envie de transmettre.

Madame Isabelle Néau

Pour commencer, pouvez-vous vous présenter brièvement à nos lecteurs ?

Isabelle Néau : Je viens du monde artistique : j’ai longtemps exercé dans les métiers de la scène, en tant qu’intermittente du spectacle, animatrice, communicante et chanteuse. En mars 2020, j’ai été hospitalisée pour un Covid grave. Depuis, je suis suivie à l’hôpital Henri-Mondor, principalement au 14e étage. J’ai reçu un accompagnement remarquable, d’abord avec Mme Aurélie Raust puis surtout avec Mme Sandrine Trouillet, qui m’a suivie durant ces dernières années. J’éprouve une profonde reconnaissance pour les équipes soignantes de l’hôpital Henri-Mondor. Ce lieu, et les personnes qui y travaillent, sont devenus une vraie richesse dans ma vie. Aujourd’hui, je ressens le besoin de transmettre du bonheur à mon tour notamment par la reprise du chant.

Depuis combien de temps êtes-vous suivie à l’hôpital Henri-Mondor, et dans quel cadre ?

Depuis mon hospitalisation en 2020. Je suis suivie à la fois sur le plan somatique et psychologique. C’est un suivi à long terme, qui m’aide à avancer.

Comment avez-vous connu l’Espace Bulle, et qu’est-ce qui vous a incitée à y participer ?

Pendant deux ans, ma psychologue, Mme Trouillet, m’a parlé de l’Espace Bulle et des ateliers qui y sont proposés. Mais je ne me sentais pas prête. Ce n’était « pas pour moi », pensai-je alors.. Et puis un jour, j’ai osé. J’ai poussé la porte avec un peu de trac. L’endroit est lumineux, accueillant, rempli de livres et de baies vitrées. Les expositions sont inspirantes.. J’ai par ailleurs été très bien reçue par,Chantal, Bruno et Mme Corinne Marie. Par chance, une personne s’était désistée et j’ai pu intégrer l’atelier du jour. Cela a été un vrai déclic.

Quelles activités ou prestations vous ont particulièrement marquée dans cet espace ?

Les ateliers collectifs comme les séances individuelles m’ont fait un bien fou. J’ai testé l’hypnose avec casque audio, que j’ai trouvé exceptionnelle. L’ambiance est bienveillante, calme, propice à l’apaisement. On y trouve de l’écoute active, de la chaleur humaine, du respect.

Une simple discussion avec une autre patiente croisée dans ce lieu peut devenir source de réconfort. Cet espace m’a permis de revenir vers moi-même, de me retrouver.

En quoi ces séances ont-elles contribué à améliorer votre bien-être ou votre qualité de vie ?

Cela m’a redonné confiance, m’a apaisée et m’a permis de me reconnecter à mes envies profondes. La sophrologie avec Mme Baulu, le shiatsu, le sokautsu par exemple, sont des pratiques qui m’ont beaucoup apportée, me font avancer pas à pas à pas sur mon chemin de réparation…

L’art-thérapie m’a particulièrement marquée. Grâce à l’intervenante de la Bulle, qui est même venue jusqu’à mon service, j’ai pu réaliser une œuvre que j’ai intitulée « VIVANTE » et « PASSERELLE », sur les deux couvertures du livre, à l’intérieur, j’ai inscrit : La voix en vie.

J’ai également participé à l’atelier « voix off », et cela m’a tellement stimulée que je me suis inscrite à une formation à la Manufacture de la Chanson pour reprendre confiance au chant (abandonné depuis plus de trente années) et j’ai obtenu une certification en décembre 2024.

Récemment, j’ai aussi été présélectionnée pour The Voice ! Mme Le Quinio m’a mise en contact avec un pianiste, ce qui m’a permis d’envoyer ma candidature. Tous m’ont soutenue, encouragée. Ils ont vraiment bien mené leur mission, avec humanité et bienveillance.

L’espace Bulle

Vous parlez d’une reprise de confiance en vous : pouvez-vous nous en dire plus ?

Oui, tout à fait. Ce que j’ai vécu à l’Espace Bulle m’a permis de reprendre peu à peu ma vie en main, d’initier des projets concrets, et surtout de croire à nouveau en mes capacités. Je suis aujourd’hui reconnue comme « grand trauma » après 14 ans d’analyse, mais pour la première fois, j’ai le sentiment d’avoir trouvé une voie. J’ai envie de m’engager, peut-être même de devenir patient collaborateur, en tant qu’ancienne patiente non intubée du Covid. C’est une vraie histoire de vie que je veux transformer.

Avez-vous mis en place des projets personnels ou professionnels grâce à cette nouvelle dynamique ?

Oui : un mini-concert en préparation, des créations artistiques.. Tout cela, c’est grâce à l’élan retrouvé dans cet espace. Je souhaiterais aussi venir chanter dans les services, notamment au 4e étage. J’ai beaucoup apprécié le déjeuner patients, où la parole nous est donnée : ce n’est pas si courant, et c’est tellement précieux.

Selon vous, pourquoi est-il important de proposer ce type d’espaces aux patients hospitalisés ou suivis à long terme ?

IN : Parce que ce sont des « bulles lumineuses » d’oxygène. On ne mesure pas à quel point cela peut transformer une trajectoire. On n’a pas besoin d’être « doué » pour l’art-thérapie : c’est un lâcher-prise, un accès à son inconscient. C’est une forme de soin à part entière. Être dans un lieu neutre, bienveillant, centré sur l’humain, cela soulage. Cela reconnecte. Cela soigne.

Quel message souhaiteriez vous faire passer à d’autres patients qui n’oseraient pas encore pousser la porte de l’Espace Bulle ?

IN : Soyez confiant, n’ayez pas peur. Franchissez le seuil de ce lieu d’apaisement ! Ce qui compte, c’est le chemin. Bravo à celles et ceux qui ont eu l’idée de créer cette Bulle. Je n’imaginais pas tout ce qu’elle allait m’apporter. C’est un espace précieux qu’il faut absolument préserver. Et puis, il faudrait que des personnes comme moi en parlent davantage aux autres patients, pour leur montrer que c’est possible. On a tous quelque chose à déposer et à créer pour soi. Et dans cette Bulle, on peut le faire et c’est surtout réalisable en toute confiance.

Propos recueillis par la direction de la communication
AP-HP Hôpitaux Universitaires Henri-Mondor