Créteil : à Mondor, les malades du cancer se soignent (aussi) par le sport

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Hôpitaux Universitaires Henri Mondor

Créteil : à Mondor, les malades du cancer se soignent (aussi) par le sport

Créteil : à Mondor, les malades du cancer se soignent (aussi) par le sport (Le Parisien – le 11 février 2019)

Dans le cadre d’un projet soutenu par la fondation de François Hollande, l’association Siel Bleu intervient tous les mardis au CHU.

Un long couloir, dans les sous-sols de l’hôpital Henri-Mondor (AP-HP) à Créteil. Derrière une porte comme les autres, une salle de sport. Tapis, vélos, espaliers, haltères, tout y est. Mais ce mardi, 10 heures, les sportifs ne ressemblent pas à des infirmiers ou médecins qui auraient troqué leurs blouses blanches pour un ensemble tee-shirt basket. Ce sont des patients qui luttent contre une maladie qui les ronge : le cancer.

Dix malades se retrouvent là, une fois par semaine, dans les locaux de l’association sportive, APSAP, pour un cours de sport adapté d’une heure et demie. Ce projet du groupe associatif Siel Bleu, démarré à l’automne et soutenu par la France qui s’engage, la fondation de François Hollande, se déploie dans 65 hôpitaux sur deux ans.

« Le sport, pendant ou après le traitement, permet de réduire le risque de récidive de cancer, de 40 à 60 %. Cela aide aussi à stabiliser le poids pour les patients suivis par hormonothérapie, présente Raphaële Burot, référente Val-de-Marne pour Siel bleu et coach à Mondor. Le but est ainsi de favoriser la reprise d’une activité physique sur le long terme et d’améliorer la qualité de vie. » Un programme de 24 séances qui s’ajoute aux heures d’activité physique déjà proposées par l’hôpital, le jeudi, depuis deux ans et demi.

Ce mardi, sept malades sont prêts à « souffrir » pour leur bien. Volontaires, ou inscrits par leur médecin, ces hommes et femmes n’en sont pas tous au même stade de la maladie. Mais le sourire est là. Les plaisanteries fusent à l’adresse de Sylvie Dutendas, l’infirmière de la plateforme Calipsso (qui coordonne tous les soins d’accompagnement) qui les suit : « C’est la première fois qu’on te voit avec des baskets ».

« On tient et cela fait un bien fou »

Raphaële Burot met la musique. L’échauffement commence par des jeux de ballon. Un fou rire s’empare de Maria, « la superbe », comme son tee-shirt le rappelle, perdue quand les balles se croisent devant elle. Marie-Claude, un bonnet coquettement posé sur la tête, y va tout doucement. Cette habitante de Thiais de 63 ans, souffre d’un lymphome.

Pour cette ancienne sportive multicartes (yoga, course, gym…), ces séances qu’elle suit assidûment, sont « une petite victoire ». « Quand j’arrive, je me demande toujours si je vais tenir. On tient et cela fait un bien fou. » Elle résiste effectivement quand il faut durant deux minutes enchaîner la corde à sauter, le vélo, les sautillés ou encore le step. Elle tient toujours quand les abdos sont mis à rude épreuve avant la partie étirement-relaxation.

Bruno, 58 ans, d’Alfortville, décline, lui, la corde à sauter. Trop de douleurs au niveau du bassin. Une conséquence de son traitement. Fichu cancer de la prostate. Mais cet ancien enseignant de kick-boxing sait combien le sport l’aide à « se remettre d’aplomb ». « Quand on apprend la maladie, tout s’effondre. Il faut réapprendre à vivre avec elle, avec les traitements. On n’a plus la même vie. C’est important d’avoir une activité à côté. »

« On lutte mais on n’est pas tout seul »

Vital, même. « C’est une partie du traitement, résume Yasmine, 35 ans de Créteil, en proie à un cancer du sein métastasé. » Après le cours, la mère de famille de Créteil enchaîne avec la chimio. « Tu n’es pas trop fatiguée ? », l’interroge sa camarade Jackie. « Comme d’habitude ». « Ces séances leur donnent envie de se battre, constate Sylvie Dutendas. C’est un bien-être physique et moral. Ils s’accrochent, se soutiennent et certains se voient même après, à l’extérieur de l’hôpital. » « On lutte mais on n’est pas tout seul, on est une équipe », ajoute Bruno. Sans peur d’apparaître faible, sans tabou. Marie-Claude s’est même autorisée à enlever son bonnet. Là, dans les sous-sols de Mondor. Et nulle part ailleurs.

Agnès Vives – Le Parisien (article original)