IRM verte : l’hôpital engagé sur le chélate de gadolinium

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Hôpitaux Universitaires Henri Mondor

IRM verte : l’hôpital engagé sur le chélate de gadolinium

IRM verte : l’hôpital Henri-Mondor engagé sur le chélate de gadolinium

Dans le cadre du levier 27 du plan « 30 leviers pour agir ensemble » consacré à la réduction de l’empreinte environnementale, l’hôpital Henri-Mondor est labellisé IRM verte depuis 2022. Une distinction obtenue grâce au recyclage du chélate de gadolinium – utilisé pour rehausser les images des vaisseaux et mettre en évidence des lésions. Rencontre avec deux praticiens du service d’imagerie médicale : Safia Kherrouba, faisant fonction de cadre, et Damien Medico, manipulateur d’électroradiologie médicale.

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Safia Kherrouba : Bonjour, je suis ‘faisant fonction’ de cadre depuis septembre 2022 au service d’imagerie médicale à l’hôpital Henri-Mondor. Avant, j’étais manipulatrice en radiologie dans le service de neuroradiologie.

Damien Medico : Bonjour, je suis manipulateur en radiologie dans le service d’imagerie médicale de l’hôpital Henri-Mondor, depuis 1997.

Et présenter le service d’imagerie médicale ?

S.K. : Le service dispose d’un plateau technique de dernière génération – celui-ci comprend cinq IRM (partagées avec la neuroradiologie), deux scanners -, d’une activité d’échographie, de la radiologie conventionnelle, d’une activité de sénologie (imagerie mammaire), de deux salles de radiologie interventionnelle et d’une activité au bloc opératoire. L’équipe est composée de 48 manipulateurs en radiologie, trois infirmières et d’agents d’accueil, aides-soignants, secrétaires et brancardiers.

Nous avons réalisé plus de 16 000 IRM en 2023. En avril, notre activité IRM a augmenté de 7 % par rapport à avril 2023.

Quelle action innovante en matière de transition écologique avez-vous mise en place ?

D.M. : Nous avons mis en place le recyclage du chélate de gadolinium depuis 2022.

Actuellement nous menons une réflexion sur le recyclage de l’iode. Cependant, cela semble compliqué par manque d’une filière de recyclage universel.

Qu’est-ce que le chélate de gadolinium ? À quoi sert-il ?

D.M. : Le gadolinium est un métal appelé « terre rare » provenant majoritairement de Chine. Afin qu’il ne soit pas en état libre et qu’il s’élimine facilement de l’organisme humain, il est utilisé après chélation (processus physico-chimique). C’est pour cela que l’on parle de chélate de gadolinium. C’est un produit de contraste qui sert à rehausser les images des vaisseaux, des tissus, et le cas échéant, à mettre en évidence des lésions. Il sert à répondre à une question médicale précise afin de poser un diagnostic.

Quelle quantité utilisez-vous ?

D.M. : Le chélate de gadolinium se présente sous forme de seringues préremplies de 10, 15 ou 20 cc, et la quantité administrée est en fonction du poids du patient.

Comment était-il traité auparavant ?

D.M. : Il était jeté à la poubelle ou dans l’évier, directement après chaque utilisation.

Qu’en est-il maintenant avec le projet MeGadoRe ?

S.K. : Nous avons obtenu la labélisation « IRM Verte » en 2022, grâce à notre association au projet MeGadoRe ; projet présenté lors des journées francophones de radiologie de 2021. Depuis, ce sont plus de la moitié des centres ayant des IRM qui participent à ce projet.

Le projet MeGadoRe (MEdical GADOlinium REcycling), consiste à la récupération du chélate de gadolinium dans des flacons de 1,5L au niveau des centres d’IRM, qui sont ensuite acheminés à l’université de Brest pour être stockés et recyclés. Une fois que le produit est recyclé, il part dans le domaine industriel. Les bordereaux d’envoi sont fournis par MeGadoRe. Les fondateurs du projet MeGadoRe sont le Professeur Douraied Ben Salem,, neuroradiologue et le Professeur Jean-Alix Barrat, géochimiste.

Les utilisations dans le domaine industriel sont variées, cela sert à la fabrication des lampes fluorescentes, des micro-ondes, des écrans verts des radars de bateau, des téléviseurs, etc.

Nous avons initié la mise en place du projet par la prime d’engagement collectif avec un objectif de 9L de chélate de gadolinium par an à recycler. Objectif dépassé ! Nous avons collecté et envoyé à l’université de Brest 10L de chélate de gadolinium en 2022. Depuis, nous envoyons 2 flacons tous les 3-4 mois environ.

Depuis le 1er mars 2024, les pharmacies des hôpitaux fournissent les produits de contraste à la place des pharmacies de ville. Ce changement a été initié bien auparavant sur notre hôpital.

En effet, la pharmacie de l’hôpital nous fournit le chélate de gadolinium en seringues préremplies, à l’exception des IRM cardiaques.

D.M. : Le projet MeGadoRe trouve son origine d’une constatation d’un pic de gadolinium dans les coquilles Saint-Jacques, présent depuis 30 ans. Les effets de cette pollution ne sont pas encore connus. Néanmoins, cela a mis en évidence un risque, bien que faible, de contamination de l’alimentation humaine par le gadolinium. De plus, le projet permet de réduire le gaspillage des « terres rares » (ressource non renouvelable).

Actuellement, l’Italie porte une réflexion sur le chélate de gadolinium éliminé par les patients, en leur demandant de collecter leurs urines une heure après l’examen. En effet, seulement 15 % du chélate de gadolinium utilisé est collecté par le projet. Quid des 85 % éliminés par les patients ?

Nous tenons une veille sur ces domaines émergeants en matière de développement durable pour faire évoluer le service d’imagerie médicale.


A propos de Megadore

Projet d’IRM vert à l’hôpital Saint-Louis AP-HP